Madagascar au 19e siècle est constitué de petits royaumes dont le plus important est l'Imerina. La pénétration européenne se fait par l'intermédiaire de missionnaires protestants d'origine britannique. En 1869, la reine Ranavalona se convertit au christianisme. La France, sous la pression de son lobby réunionnais, fait la guerre au royaume Merina pour détruire l'hégémonie britannique. Elle impose un protectorat en 1885 avec des conditions financières ruineuses pour l'économie du royaume. En 1890, elle fait reconnaître ses droits sur Madagascar par la Grande Bretagne. À la suite de l'effondrement économique, des agressions contre des Européens fournissent le prétexte à une nouvelle intervention militaire française qui se termine par la prise d'Antananarivo, le 30 septembre 1895.
Le Petit Journal du 9 décembre 1894 justifie ainsi l'intervantion : « Nous allons prochainement entrer en campagne contre Madagascar, et le monde entier nous rend cette justice que nous ne sommes pas les agresseurs, que nous n'avons été guidés ni par l'esprit de conquête, ni par un désir de lucre; mais notre dignité nous défend de supporter les insultes des sauvages de là-bas. Que dirait-on de la France si sa main ferme ne lui servait à venger de pareilles injures? »
Un gouvernement avec Rainandriamampandry, un intellectuel protestant, comme ministre de l'Intérieur, est nommé par la France. Cette conquête suscite un mouvement de retour aux valeurs et à la religion traditionnelles qui débouche sur l'insurrection dite des Menalamba où les chrétiens et les Européens sont les premières victimes. Les membres du gouvernement Merina sont vus comme des collaborateurs de l'occupant. Gallieni, nommé gouverneur civil et militaire le 27 septembre 1896, veut, pour impressionner, faire un exemple en condamnant des responsables. De manière complètement arbitraire après un semblant de procès, Rainandriamampandry est fusillé en public. Alors qu'il n'était pour rien dans le soulèvement, une accusation de complot est forgée de toute pièce contre lui. Le Petit Journal du 22 novembre 1896 écrit: « Comme il fallait une leçon aux révoltés, on s'est emparé de deux grands personnages qui avaient pactisé avec eux, ce sont le prince Ratsimamanga et le ministre de l'intérieur Rainandriamampandry; tous deux ont été jugés, condamnés et fusillés, le tout avec une rapidité qui inspirera des réflexions salutaires à leurs complices. »
La répression est féroce. La France se coupe de l'élite Merina, et abolit la royauté. L'anarchie ne fait que s'étendre. Un régime d'oppression s'abattit sur Madagascar.
Sources :
Stephen Ellis, L'insurrection des menalamba, Karthala, 1998, page 157; Janine Harovelo, La SFIO et Madagascar - 1947, l'Harmattan, 1995, page 115.